Question d'origine :
Bonjour à toute l'équipe du Guichet du savoir,
Après avoir cherché moi-même avec les différents sites que vous m'avez transmis, sans succès, je reviens vers vous.
Voici ma demande de source pour la citation suivante de Gilles Deleuze :
Le pouvoir a besoin de tristesse parce qu'il peut la dominer. Le système nous veut triste et il nous faut arriver à être joyeux pour lui résister. La joie, par conséquent, est résistance, parce qu'elle n'abandonne pas. La joie en tant que puissance de vie, nous emmène dans des endroits où la tristesse ne nous mènerait jamais.
Je vous en remercie.
Brigitte B.
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé la trace de cette citation exacte mais nous supposons que c'est une adaptation des cours de Gilles Deleuze ou de ses écrits sur Spinoza.
Bonjour,
Nous n'avons pas non plus trouvé d'où cette citation pourrait être extraite.
Nous supposons qu'il s'agit d'une libre interprétation de l'étude que Gilles Deleuze a menée sur les affects de Spinoza.
Spinoza assigne en effet deux pôles à l'affect : la joie et la tristesse au titre de passions fondamentales.
Voici un extrait de Spinoza : philosophie pratique / Gilles Deleuze (page 74) :
Affections, affects : [...] Le passage à une perfection plus grande ou l'augmentation de la puissance d'agir s'appelle l'affect ou sentiment de joie ; le passage à une perfection moindre ou la diminution de la puissance d'agir, tristesse. C'est ainsi que la puissance d'agir varie sous des causes extérieures, pour un même pouvoir d'être affecté. [...]
Bon-Mauvais : Le bon et le mauvais sont doublement relatifs, et se disent l'un par rapport à l'autre, et tous deux par rapport à un mode existant. Ce sont les deux sens de la variation de la puissance d'agir : la diminution de cette puissance (tristesse) est mauvaise, son augmentation (joie) est bonne (Ethique, IV, 41). Objectivement, dès lors, est bon ce qui augmente ou favorise notre puissance d'agir, mauvais ce qui la diminue ou l'empêche ; et nous ne connaissons le bon et le mauvais que par le sentiment de joie ou de tristesse dont nous sommes conscients (IV, 41). Comme la puissance d'agir est ce qui ouvre le pouvoir d'être affecté au plus grand nombre de choses, est bon "ce qui dispose le corps à ce qu'il puisse être affecté d'un plus grand nombre de manière" (IV, 38) ; ou ce qui entretient le rapport de mouvement et de repos qui caractérise le corps (IV, 39). En tous ces sens, le bon, c'est l'utile, le mauvais, c'est le nuisible (IV, def 1 et 2). Mais l'important est l'originalité de cette conception spinoziste de l'utile et du nuisible.
Plusieurs de ses interventions sont retranscrites sur le site www.webdeleuze.com.
Nous vous invitons notamment à écouter Sur Spinoza Cours Vincennes - St Denis Cours du 20/01/1981 à partir de 59 minutes environ. Un extrait :
Les affects qui sont des augmentations de puissance on les appellera des joies, les affects qui sont de diminutions de puissances on les appellera des tristesses. Et les affects sont ou bien à base de joie, ou bien à base de tristesse. D’où les définitions très rigoureuses de Spinoza: la tristesse c’est l’affect que correspond à une diminution de puissance, de ma puissance, la joie c’est l’affect qui correspond à une augmentation de ma puissance. La tristesse c’est un affect enveloppé par une affection.
L'ensemble de ses cours sont diffusés sur Youtube, notamment ceux sur Spinoza.
Nous n'avons malheureusement pas été en mesure de les écouter dans leur intégralité. Faites-nous savoir si vous retrouvez la trace de votre citation !
A titre d'information, nous n'avons pas retrouvé cette citation dans ces documents que nous avons parcourus :
- Deleuze / Daniel Adjerad (collection "Connaître en citations")
- Spinoza-Deleuze, lectures croisées / sous la direction de Pascal Sévérac et Anne Sauvagnargues
- Spinoza / par Gilles Deleuze
- 83 mots pour penser l’intervention en travail social / Claude de Jonckheere
Bonne journée