Où sont restés Irène et Frédéric Joliot-Curie après la bataille de l'eau lourde ?
Question d'origine :
En 1940, après la bataille de l'eau lourde, Irène et Frédéric Joliot-Curie sont restés quelques temps dans la banlieue de Bordeaux. Pourriez-vous voir me dire à quel endroit exactement. Merci beaucoup pour votre réponse !
Réponse du Guichet
C'est dans la cité médicale de Clairvivre située à Salagnac en Dordogne que Frédéric et Irène Joliot-Curie séjournèrent durant l'été 1940.
Bonjour,
C'est à Clairvivre qu'Irène et Frédéric Joliot-Curie sont restés après le départ de l'eau lourde pour Londres à bord du Broompark.
Dans cette émission France inter, 1940. Irène Joliot-Curie et la bataille de l’eau lourde, il est indiqué qu'Irène, malade, s'est réfugiée à Clairvivre, un sanatorium construit en pleine forêt du Périgord à Salagnac en Dordogne. "Conçu à l'origine pour recevoir les blessés du poumon de la guerre de 14-18, ce sanatorium s'est doublé d'un projet humaniste sans équivalent en Europe."
Écouter l'émission de 31:50 à 36:00 puis 51:00 à 52:30.
Conformément à ses options progressistes et « humanistes » – à son utopie solidaire – Clairvivre accueillera à partir de 1937 de nombreux réfugiés républicains blessés de la Guerre d’Espagne. De même en 1939 et 1940, les hospices civils de Strasbourg fuyant les hostilités et la terreur nazie s’installèrent ici avec des réfugiés alsaciens et lorrains. La Dordogne en général, initialement en zone non occupée, fut d’ailleurs un refuge pour de nombreux émigrants de l’est en 1940. Le cimetière de la cité – comme d’autres, par exemple, celui de Sarlat – garde la trace de cette période, par les nombreuses tombes des malheureux venus mourir en Périgord.
C’est également en vertu de cette tradition d’accueil que s’y installa de juin à septembre 1940, Irène Joliot-Curie dont le passage en ces lieux a laissé des souvenirs mais également des traces de radioactivité qui étaient encore perceptibles près de soixante ans plus tard. Une biographie de Frédéric Joliot-Curie écrite par Michel Pinault (Editions Odile Jacob, avril 2000) consacre un chapitre à cet aspect peu connu de la dernière guerre mondiale et à l’attitude des grands scientifiques français au moment de l’invasion allemande en juin 1940. En particulier le rôle joué par les Joliot-Curie et leurs équipes de l’institut du radium et du collège de France pour éviter que les résultats de leur recherche en vue d’une première expérience de réaction nucléaire en chaîne, ne tombent entre les mains de l’ennemi. Chacun a en mémoire le film « La bataille de l’eau lourde » qui, en 1948, relate un des épisodes de cette histoire.
source : L’actinium d’Irène dans la Cité sanitaire de Clairvivre : juste une histoire vraie mais incroyable !
Cet article parle du livre de Jacqueline Desthomas et Jean-Jacques Jourdinaud intitulé Clairvivre : de l'utopie à la réalité.
Autre livre sur cette cité : Clairvivre : une ville à la campagne / Pierre Moreau ; postface de Françoise Choay
Lire aussi : Clairvivre, laboratoire d’espoir
Pour en savoir plus sur le couple Joliot-Curie, quelques livres :
- Irène Joliot-Curie / Louis-Pascal Jacquemond
- Frédéric Joliot-Curie / Michel Pinault
- Les Curie : pionniers de l'atome / Pierre Radvanyi
- Au plus cher de nos vies / Hervé Brunaux
Peut-être avez-vous visionné le film La bataille de l'eau lourde réalisé par Jean Dreville et Titus Vibe-Muller ?
Bonne journée.