Quelle était la composition du CA des librairies indépendantes françaises entre 1960 et 1990 ?
Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'un exposé sur la loi Lang, je cherche à accéder à la composition du CA des librairies indépendantes françaises entre 1960 et 1990 (de quoi est composé le CA en moyenne). J'ai recherché sur internet, mais je n'ai trouvé que des chiffres pour l'édition, aucun sur la librairie. J'ai donc décidé de m'adresser à votre service pour essayer de rechercher plus efficacement et savoir si ces chiffres étaient accessibles.
Merci d'avance pour votre réponse
Réponse du Guichet
Nous n'avons malheureusement pas trouvé les chiffres que vous recherchez pour la période concernée mais vous conseillons quelques lectures et organismes à contacter.
Vous souhaitez un aperçu du chiffre d'affaires des librairies indépendantes entre 1960 et 1990 et une idée de la part de vente de livres par rapport à celle d'autres produits pour ces établissements.
Nous n'avons malheureusement pas trouvé ces chiffres pour la période concernée.
L'Insee tient bien à jour un Indice de chiffre d'affaires - Commerce de détail de livres en magasin spécialisé (NAF rév. 2, niv. sous-classe poste 47.61Z) mais les données ne sont accessibles en ligne qu'à partir de 1999.
Peut-être avez-vous déjà connaissance du rapport Ipsos / Culture et Observatoire de l’économie du livre daté de mars 2007 qui détaille la situation économique de la librairie indépendante – rapport des enquêtes quantitatives et fournit le chiffre d'affaires détaillé de la librairie indépendante ?
L'étude de marché Xerfi intitulée "La situation économique et financière des librairies indépendantes" cite des données à partir de 2005. Il vous faudrait consulter des études plus anciennes pour trouver votre bonheur.
Quelques études et statistiques sont citées dans l'article intitulé La librairie indépendante française entre passé et devenir 1982-2008 : 27 ans d'évolution du marché de livre en France :
Dans un tel contexte, l’évolution du nombre de librairies en France depuis la dernière guerre – et peut-être même depuis la fin du XIXe siècle, si l’on suit les conclusions des travaux de Martyn Lyons (Lyons, 1987 et 2008) et de Jean-Yves Mollier (Mollier, 2001) – apparaît au premier abord d’une étonnante stabilité relative, ainsi que le montrent différentes études menées dans le cadre de la récente Histoire de la librairie française (Leblanc et Sorel, 2008) et, notamment celles conduites par Françoise Benhamou (Benhamou, 2008) et par nous-même (Pinhas, 2008, b). En premier lieu, en effet, des statistiques de 1945 font état de 7 590 postes de vente, dont 2 600 librairies de taille moyenne et 200 grosses librairies. Une étude parue en 1967, et connue sous la dénomination d’Enquête 25/25, répertorie ensuite 338 librairies qui participent pour un quart au chiffre d’affaires total des éditeurs sur ce circuit de vente, et 1 284 pour la moitié. Puis, dans les années 1980, Patrice Cahart, dans un rapport bien connu (Cahart, 1988), avance le nombre de 9 400 librairies de toutes tailles, dont 2 500 librairies moyennes et 250 grosses librairies, tandis que le ministère de la Culture, la même année, en recense 2 280 à « assortiment diversifié ». En 1994, encore, Livres-Hebdo présente des estimations du même ordre et compte 2 200 points de vente qui réalisent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires avec la vente du livre. Enfin, la comptabilité que nous avons construite à partir des données de trois des quatre principaux distributeurs nous a permis d’avancer le nombre d’environ 2 150 librairies de premier et deuxième niveaux en 2008, dont de l’ordre de 300 particulièrement importantes, et un total de 7 000 librairies en comptant le troisième niveau. Notons au demeurant que ce classement par niveaux, qui est le fait des distributeurs selon des critères qui leur sont propres et peuvent varier de l’un à l’autre, est l’un des signes de la prégnance de la distribution sur l’ensemble de la chaîne du livre. De son côté, l’institut GFK, dans ses études, apprécie le premier niveau au-delà d’un CA livre supérieur à 700 000 €, ce qui, rapporté au dernier classement de Livres Hebdo, donne précisément un nombre de 302 librairies, une fois décomptés les différents « Espace culturel Leclerc » et le Cultura recensés, qui constituent l’essentiel du « noyau dur » de la profession.
Si l’on considère à présent l’évolution du circuit de vente de la librairie en parts de marché, l’interprétation des statistiques disponibles se révèle plus délicate, en raison de données trop disparates et de méthodologies peu explicitées. On peut toutefois avancer que le poids relatif de la librairie par rapport aux autres circuits de vente a globalement baissé du tiers à la moitié au cours des cinquante dernières années, puisqu’il s’établissait en valeur à plus de 40 %, voire de 50 % selon certaines études, dans les années 1970, et n’est plus que de 24,4 % en 2007, d’après les données fournies par le CNL. Dans le même temps, le poids de la grande distribution, spécialisée ou non, serait quant à lui passé de 9 à 12 % en 1975/76 à 42,6 % en 2007. [...]l'institut GFK, dans ses études, apprécie le premier niveau au-delà d'un CA livre supérieur à 700 000 Euro , ce qui, rapporté au dernier classement de Livres Hebdo, donne précisément un nombre de 302 librairies, une fois décomptés les différents "Espace culturel Leclerc" et le Cultura recensés, qui constituent l'essentiel du "noyau dur" de la profession. Si l'on considère à présent l'évolution du circuit de vente de la librairie en parts de marché, l'interprétation des statistiques disponibles se révèle plus délicate, en raison de données trop disparates et de méthodologies peu explicitées. On peut toutefois avancer que le poids relatif de la librairie par rapport aux autres circuits de vente a globalement baissé du tiers à la moitié au cours des cinquante dernières années, puisqu'il s'établissait en valeur à plus de 40 %, voire de 50 % selon certaines études, dans les années 1970, et n'est plus que de 24,4 % en 2007, d'après les données fournies par le CNL. Dans le même temps, le poids de la grande distribution, spécialisée ou non, serait quant à lui passé de 9 à 12 % en 1975/76 à 42,6 % en 2007. Quelques remarques doivent toutefois moduler le constat de cette évolution négative. D'abord, le marché du livre s'est élargi au cours de la période, de sorte que la situation de la librairie ne peut être appréciée uniquement en fonction de sa part relative parmi les circuits de vente. Il convient ensuite de se souvenir que, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, la librairie ne constitue précisément que l'un des circuits de vente du livre et que les enquêtes des années 1970 attribuent notamment de 33 à 48 % de parts de marché aux ventes par correspondance, courtage et club. Or, ces derniers circuits sont aujourd'hui dans un déclin qui paraît irrémédiable et ne pèsent plus que pour 16,3 % en valeur sur le marché du livre. C'est dire que la grande distribution, spécialisée ou non, a en partie construit sa progression à leur détriment, de même qu'elle est présentement à son tour menacée par l'essor du commerce en ligne, ainsi que le montre sa stagnation actuelle, voire son recul : le CNL lui attribuait en effet 43 % de parts de marché en 2006. L'on peut en outre penser, mais l'hypothèse demande il est vrai à être confirmée, qu'une partie de la baisse de la part de marché étiquetée "librairie" est due à la fermeture d'un certain nombre de points de vente accessoires du livre, de type librairie-papeterie-presse, puisque, par exemple, les données disponibles font apparaître que le nombre de points presse en France a diminué de 32 000 (Zuo, 2004) à moins de 30 000 (communiqué NMPP du 16 janvier 2009) entre 2004 et 2008. C'est du moins, également, le point de vue soutenu dans le rapport d'Hervé Gaymard intitulé "Situation du livre" (Gaymard, 2009, 54). De plus encore, selon une étude toute récente du MOTif, Observatoire du livre et de l'écrit en Ile-de-France, qui ne prend pas en considération les ventes par clubs ou par grossistes, la librairie participerait encore en 2008 pour 47,91 % en valeur et pour 43,6 % en volume aux entes au détail de livres (Cécile Moscovitz, 2009). Enfin, il convient de prendre en compte que le poids de la librairie reste prédominant pour certains secteurs éditoriaux, tout particulièrement pour la littérature générale (45 %) et les sciences humaines et sociales (56 %), selon les données du MOTif, et, de manière plus générale, pour les titres de entes moyennes ou faibles (Benghozi et Benhamou, 2008), ce qui montre bien, par ailleurs, l'importance effective de ce secteur comme garant de la préservation de la bibliodiversité.
Quelques documents pour aller plus loin :
NOëL Sophie, « Le petit commerce de l'indépendance. Construction matérielle et discursive de l'indépendance en librairie », Sociétés contemporaines, 2018/3 (N° 111), p. 45-70
Le Livre français a-t-il un avenir ? / rapport au Ministre de la culture et de la communication ; Patrice Cahart
Le Livre : la fin d'un règne / Fabrice Piault · 1994
Histoire de la librairie française / Jean-François Loisy · 2008
Vers la fin des librairies ? / Vincent Chabault
Livres hebdo - années 1994 et 1995 - où l'on trouvera des statistiques et classements de la librairie indépendante.
Peut-être pouvez-vous contacter le CNL ou encore le Syndicat de la librairie française pour en savoir plus ?
Le service Questions / réponses de l'Enssib pourra peut-être vous en dire plus car son centre de documentation est plus fourni que le nôtre en la matière.
Bonnes recherches !