Qui ont été les différents chanoines de la Primatiale entre les années 1250 et 1320 ?
Question d'origine :
Bonjour
Je cherche à connaître des renseignements sur les différents chanoines de la Primatiale entre les années 1250 et 1320.
Merci
Réponse du Guichet
Vous souhaitez en savoir plus sur les chanoines de la Primatiale à Lyon, entre 1250 et 1320, voici ce que nous avons trouvé :
Bonjour,
Nous trouvons beaucoup d'ouvrages dans nos collections traitant de ce sujet. L’Histoire des chanoines de la Primatiale Saint-Jean-Baptiste de Lyon, aussi appelés chanoines comtes de l’Église de Lyon, est riche et complexe. Nous ne pourrons pas ici vous la décrire dans son entièreté, mais nous allons essayer de vous donner quelques pistes d'information. Vous trouverez en fin de réponse une bibliographie complète pour approfondir vos recherches.
Pour commencer, nous avons trouvé une thèse dans la base Hal Theses, base numérique qui archive et met à disposition librement des thèses de doctorat, qui sont une mine d'informations pour nous. Dans cette thèse, Histoire des chanoines-comtes de l’Église de Lyon, soutenue par Hervé Chopin, l'auteur nous fait une synthèse des sources compulsées et relate de façon très intelligible cette histoire.
Pour replacer le contexte, à propos de la création du Chapitre et des chanoines, plus particulièrement à Lyon, Hervé Chopin explique :
Sous la période carolingienne, alors que les empereurs, Charlemagne, puis son fils Louis le Pieux, tentaient d’uniformiser les pratiques religieuses à l’intérieur de cet empire nouvellement constitué sont cités pour la première fois le chapitre et ses chanoines. De même que l’empereur avait demandé à Benoît d’Aniane de réformer les monastères en leur faisant adopter la règle bénédictine, lors du concile d’Aix de 816, était mise en place l’Institutio canonicorum qui devait donner un cadre aux communautés entourant les évêques. A Lyon, ce fut justement avec la nomination d’un proche de Charlemagne, Leidrade, puis avec son successeur Agobard, que la réforme toucha la région. Déjà dans le Bref (ou inventaire récapitulatif) et le rapport adressés par Leidrade à Charlemagne entre 809 et 811, sont mentionnés pour la première fois les chanoines et leur cloitre. Ces documents montrent bien la présence d’une communauté encadrant l’évêque. Dans le rapport de Leidrade à Charlemagne, l’évêque de Lyon écrivit : « J’ai édifié en outre un cloitre pour les clercs dans lequel, maintenant, ils vivent tous en une même maison ». Les évêques s’appuyaient sur les clercs séculiers pour mener à bien leur action de réforme. Des bâtiments adaptés à la vie commune étaient nécessaires comme le dortoir ou le réfectoire. On perçoit à travers la lecture du Bref la trace de la récupération d’un patrimoine perdu au moment des spoliations pratiquées un siècle plus tôt par Charles Martel : le chapitre possédait 123 tenures dont 83 sont occupées. Lyon était alors un centre culturel important : les clercs étaient bien formés, soit à travers l’existence d’un scriptorium doté d’une réputation à l’échelle de l’Empire, soit par celle des écoles des chantres ou des lecteurs, restaurés par Leidrade. Ils devaient mener une vie irréprochable, en respectant la réforme canoniale. Le chapitre portait alors le vocable de Saint-Étienne, en mémoire du protomartyr. Ce n’est que plus tard que fut utilisé celui de Saint-Jean-Baptiste. Ils étaient placés sous l’autorité directe de l’archevêque. Le nombre des chanoines n’était pas fixe, oscillant entre 52 et 68. Le chapitre lyonnais fit preuve d’un grand conservatisme, perceptible notamment au travers des ouvrages du successeur de Leidrade, Agobard. Il mit réellement en place la réforme canoniale et appliqua les actes du concile d’Aix de 816. Très rapidement le chapitre s’organisa et se dota de dignitaires. Son organisation interne s’améliora. Le doyen, par exemple, est mentionné pour la première fois en 912. Il prit la place de l’abbé qui subsista mais dont le rôle devint moins important. La présence d’un archidiacre est attestée dès 967, celle du précenteur en 978. Le rôle du chapitre devint de plus en plus important puisque, en 910, il obtint l’autorisation d’élire l’archevêque à la suite de la bulle du pape Sergius III. Ce fut surtout au XIIe siècle et avec le développement de la réforme grégorienne que ce droit fut utilisé, quand ce n’était pas le Saint-Siège qui usait de son autorité pour placer à la tête du diocèse certains prélats. Ainsi, le doyen Falque devint archevêque en 1139, et l’archidiacre Héracle de Montboissier fut élu en 1153.
Un peu plus loin :
Au début du XIIIe siècle, le chapitre fournit une partie du personnel des archevêques comme les chanceliers puis les officiaux, chargés de la justice de l’Église. A ce moment-là, l’archevêque est encore le maître du chapitre. Tous deux sont partenaires dans la gestion de leur patrimoine. Cependant une concurrence nait pour l’exercice de la juridiction ecclésiastique. Sous l’archiépiscopat de Renaud de Forez, les chanoines prennent leur indépendance : les droits de l’Église sont répartis entre une mense épiscopale et une mense capitulaire.
Dans la période qui vous intéresse, la situation semble se détériorer à Lyon entre l’autorité ecclésiastique et les citoyens lyonnais, suite à l’abandon du siège épiscopal de Philippe de Savoie, dont le poste restera vacant 5 ans. Des affrontements auront lieu, jusqu’à mener au rattachement officiel de Lyon au royaume de France en 1312.
Avec l’abandon du siège épiscopal par Philippe de Savoie qui reprend la direction du comté de Savoie en 1267, le chapitre est alors divisé quant au choix de son successeur. Normalement le pape devait intervenir lors de la succession d’un évêque démissionnaire. Le pape Clément IV préféra laisser le choix aux chanoines. Le siège resta vacant pendant cinq ans. Les Lyonnais s’opposèrent de manière violente à l’autorité ecclésiastique dans le but de voir une reconnaissance d’un pouvoir aux bourgeois. Le siège épiscopal étant vacant, chapitre et représentant du roi en profitèrent pour augmenter leur pouvoir. Les chanoines provoquèrent les premières hostilités en arrêtant des bourgeois en 1269. Les citoyens réagirent immédiatement et violemment en prenant d’assaut le cloître Saint-Jean, puis celui de Saint-Just dans lequel les chanoines étaient venus se réfugier et enfin en pillant certaines possessions du chapitre cathédral. Une première trêve fut conclue en 1269. Cette situation provoqua aussi l’intervention du pape ou du roi sur un territoire situé encore en terre d’Empire. Les rapports entre les évêques nommés par le pape et le chapitre furent difficiles voire parfois violents, comme avec Aymar de Roussillon nommé pour assurer la protection du pape pendant le concile de 1274, succédant ainsi à Pierre de Tarentaise. Pendant son épiscopat, il dut affronter militairement le chapitre. Le pape intervint ensuite de manière quasi systématique dans la désignation de l’évêque. Ce n’est qu’en 1332, après la mort de Pierre de Savoie que le chapitre put élire son successeur Guillaume de Sure. Le chapitre montra de l’hostilité face aux évêques ainsi nommés, notamment à propos des droits du chapitre et en particulier de sa juridiction séculière. Toute cette situation aboutit dans un premier temps au rattachement officiel de Lyon au royaume de France en 1312, puis à la dotation de libertés aux citoyens à travers la charte de 1320, privant le chapitre d’un certain nombre de ses pouvoirs, notamment au niveau de ses droits de justice.
Concernant la structure à proprement parlé d’un Chapitre, sa forme décrite à partir du XIIe siècle restera la même jusqu’à la Révolution. Sur la période qui vous intéresse, la nomination des chanoines se fait essentiellement par cooptation :
Comment devenait-on chanoine ? Le mode de nomination était la cooptation, même si l’on trouve aussi parfois des permutations ou des résignations in favorem. A partir du XIIIe siècle, le pape intervint de plus en plus fréquemment dans la nomination, même si le chapitre ne l’accepta pas toujours. Au XIIIe siècle, le nombre de chanoines avait fortement fluctué passant de trente-cinq à quarante-sept. Le chapitre ne tendit à s’ouvrir qu’aux lignages chevaliers, originaires essentiellement de la région et de ses environs comme les Beaujeu, Vassalieu, Talaru, Grandson, Savoie, de la Tour ou Villars. A partir de 1321, en réaction à la distribution de grâces spéciales par le pape délivrant des canonicats ou des expectatives de prébendes, le chapitre décida de fixer le nombre de chanoines à 32. Cela fit du chapitre une communauté de taille moyenne, loin derrière des chapitres beaucoup plus grands comme ceux de Laon, Paris ou même que certains chapitres de collégiales comme celui de Saint-Quentin-en Vermandois. (…) Avec l’entrée de Lyon dans le royaume, le chapitre fut aussi confronté aux interventions royales dans la désignation des chanoines (droit de « joyeux avènement » au XVe siècle).
Dans l’ouvrage Les chanoines de l’Eglise de Lyon, de Jean Beyssac, nous trouvons une description des missions qui étaient allouées aux chanoines. Outre le service religieux, qui prenait l’essentiel de leur temps, les chanoines se voient attribuer des missions très diverses : délégués aux conciles généraux et particuliers, aux assemblées du clergé, ils doivent aussi aller défendre les intérêts du Chapitre à la cour de Rome, à la cour de France, devant les divers parlements et au Conseil du roi.
Nous ne pouvons ici vous fournir une liste complète de l’identité des chanoines comtes de la Primatiale de Lyon, mais vous pouvez la trouver dans ce même ouvrage, classée par siècle, consultable et empruntable dans notre bibliothèque.
Vous pouvez également vous rendre au Fonds Ancien, au 5e étage de notre établissement, et demander à consulter la Liste des noms des chanoines-comtes de Lyon, par ordre alphabétique, depuis 1243 jusqu'en 1753. Il vous faudra pour cela motiver votre demande.
D'autres ouvrages sont consultables dans notre bibliothèque :
Archevêché et comté de Lyon : développement et affirmation du pouvoir épiscopal / par Bruno Galland
Les anciens chanoines-comtes de Lyon / par l'abbé Ad. Vachet
Des obituaires, registres contenant la liste des défunts pour l'anniversaire desquels une communauté devait prier ou célébrer un obit, sont également consultables ici :
Nous attendons un complément de réponse par le département du Fonds Ancien, qui apportera son expertise à votre questionnement.
Espérant avoir répondu à votre question, nous vous souhaitons une bonne journée.
Réponse du Guichet
Quelques manuscrits des Collections anciennes et spécialisées donnent une liste des chanoines et recouvrent la période qui vous intéresse
Les collections de la bibliothèque municipale de Lyon peuvent vous apporter des détails précieux quant aux membres du chapitre canonial de la primatiale des Gaules grâce aux manuscrits suivants :
- Le cartulaire de Gaspard Mitte, camérier du chapitre de la cathédrale de Lyon en 1548, qui fournit une liste des archevêques et chanoines de l'église Saint Jean-Baptiste de Lyon de 1209 à 1573
- Le catalogue des chanoines-comtes du 11e siècle à 1761
Ces documents sont consultables au sein de notre département.
Bonne continuation de vos recherches.