Je n'ai pas bien compris la différence entre vareuse (pour officier) et capote (pour soldat)
Question d'origine :
Cher guichet,
Merci pour votre réponse sur l'uniforme des officiers en 1914. Je n'ai pas bien compris la différence entre vareuse (pour officier) et capote (pour soldat)
Réponse du Guichet
La vareuse est un manteau court tandis que la capote est un manteau long (tombant mi-jambe).
Bonjour,
Revenons d’abord sur la différence principale entre ces deux vêtements militaires. La vareuse est un manteau court tandis que la capote est un manteau long (tombant mi-jambe). Les deux sont généralement confectionnés en drap de laine.
Au niveau des caractéristiques et du style, plusieurs se sont succédés au cours de la guerre.
Au début de la guerre, les soldats portent un modèle de capote ancien appelé « modèle 1877» . En laine dit « gris de fer bleuté » (composée à 90% de laine bleue foncée et 10% de laine crue), elle est doublée de lin et se ferme croisée par six boutons en cuivre. Ce tissu, utilisé depuis 1824 et les armées napoléoniennes, n'est plus d’actualité dès l’été 1914 avec la réforme de l’uniforme couleur « bleu-horizon » décidée en juillet de la même année. Toutefois, avec les délais de production son application ne sera effective qu’à l’hiver 1914. Les manches de cette capote se ferment d’un bouton en cuivre également et elle possède au dos une martingale fermée par deux boutons. Le col quant à lui est droit et se ferme par crochet avec des pattes de col en drap de laine rouge garance (comme le pantalon du soldat) où il était inscrit en laine gris de fer bleutée le numéro du régiment. La capote possède aussi des épaulettes qui permettent de tenir les brides du fusil. Au début de la guerre, par manque de moyens, beaucoup d’hommes reçoivent des capotes à une seule épaulette : côté droit car côté fusil.
Cette capote est avant même le début de la guerre jugée trop « repérable » de par ses boutons en cuivre mais aussi peu pratique : le col est petit et ne protège pas bien du froid alors que l’hiver 1914 est très rude… mais aussi les poches sont inaccessibles lorsqu’un sac est porté sur le dos. De fait, ce modèle est abandonné très vite dès l’hiver 1914 pour être remplacé par le modèle dit « Poiret » (d’après son couturier Paul Poiret) couleur bleu-gris. Plus pratique et discret, le modèle est simplifié par une coupe droite simple plus facile à produire. De même, les boutons qui sont à présent en laiton se manifestent en une rangée et non plus par fermeture croisée. La martingale est abandonnée et le col changé : il est maintenant à revers.
La capote continue à subir plusieurs changements et petites modifications dès les premiers mois de la guerre pour des raisons d’approvisionnement des tissus mais aussi notamment au niveau des caractéristiques pratiques : le nombre de poches et leur emplacement, par exemple. En réalité, le modèle de capote ne fait que de changer tout le long de la guerre… Dès 1915, les capotes adoptent des grandes poches latérales sur les hanches appelées « cartouchières » afin de pouvoir y loger les munitions dont sont souvent en manque les soldats à cause de la guerre de positions.
Pareillement, en 1915 également, la capote se ferme de nouveau de manière croisée car il protège mieux du froid et de l’humidité. Il est de nouveau de couleur bleu horizon bien qu’il y ait des variations dans la production. Un autre modèle de capote survient en 1916, cette fois-ci les boutons sont peints en bleu ou en gris pour être encore moins visibles.
De fait, le modèle de la capote a beaucoup changé et avec les délais de production, importations et pénuries de tissus, améliorations décidées tardivement, le recyclage des anciens uniformes en nouveaux pour éviter des frais supplémentaires… les uniformes n’étaient pas tant uniformes que cela! Il faut attendre 1917 pour que le modèle soit à peu près similaire pour tous les soldats. Enfin, à l’été 1918, la capote n’est plus portée systématiquement car il fait chaud dans les tranchées et l’on souhaite alléger les soldats.
Quant à la vareuse, il en existe deux types : celle du soldat et celle de l’officier. Cependant, la vareuse du soldat est beaucoup plus rare car il ne porte en théorie pas de vareuse. En effet, au début de la guerre, le soldat n’est pas doté de ce vêtement à sa mobilisation. Sa présence n’est donc pas forcément attestée dans l’uniforme du soldat. Avec les difficultés de l’hiver 1914, l’utilisation d’une vareuse assez fine non doublée sous la capote se démocratise. Néanmoins, par des contraintes de temps et du nombre important de soldats à équiper, le tissu est laissé libre de choix aux entreprises tant que le tissu est résistant et de couleur neutre. On a pu donc observer des vareuses en velours côtelé bleu foncé ou brun. Vers 1915 un modèle doublé en simple drap de laine bleu est adopté et uniformisé au sein des troupes.
Contrairement au soldat, la vareuse de l’officier est l’uniforme réglementaire dès 1914. La question de leur uniforme ne date pas de la guerre. En effet, dès 1912 on s’interrogeait sur la différence des vêtements entre troupes et officiers. Cette dernière posait un problème en termes stratégique notamment en stratégie de camouflage : les officiers étant distingués, il était facile pour l’ennemi de les prendre pour cible et donc de désorienter et désorganiser la troupe par la perte de l’officier.
Néanmoins, la vareuse fut adoptée comme uniforme officiel dès avril 1914. Le modèle qui s’est imposé est celui d’une vareuse à coupe droite et col droit en draps de laine gris de fer bleuté. Elle possède 4 poches : 2 sur la poitrine et 2 au niveau des hanches. Les pattes de col reportent le numéro du régiment comme pour les soldats sur les capotes et le grade est quant à lui porté aux manches (et diminué en taille lors de la guerre pour éviter d'être repéré). L’élément le plus distinctif de la vareuse de l'officier est la présence d’une ceinture qui se ferme par 2 boutons au niveau du ventre.
Comme pour la capote, la vareuse de l’officier subit des modifications : le style s’adapte car les officiers français en côtoyant des officiers anglais raffinés et soignés veulent s’en inspirer… Ainsi, la ceinture est abandonnée pour un style plus épuré et élégant tout comme le col qui devient de demi saxe au lieu de droit. Autre changement, les boutons deviennent apparents comme pour les Anglais. Ils sont frappés d’un signe distinctif qui désigne en général le régiment : artillerie, infanterie, chasseur, légion étrangère etc.
Malgré tout, la pratique de la guerre révèle qu’en portant ces vareuses, les officiers risquent gros car ils sont repérés de loin par l’ennemi. On leur demande donc de porter la capote de troupe surtout avec les températures difficiles de l’hiver 1914, mais beaucoup refusent par orgueil et veulent rester distingué du simple soldat… De plus, l’uniforme de l’officier étant à ses propres frais, l’armée n’a pas d’autre choix que de fermer les yeux sur ce refus d’obtempérer. Les officiers ne portent donc pas toujours la capote de la troupe mais parfois un manteau de meilleure qualité réalisé par leur propre tailleur civil (car à leurs frais, toujours) dont les caractéristiques ressemblent à la capote (long, en général de couleur bleu ou bleu gris et avec col à revers, boutons apparents) mais sont adaptées au goût de l’officier.
Voici donc les principales différences entre capote et vareuse. Si vous souhaitez plus d’informations à ce sujet, nous vous conseillons de consulter L'armée française dans la première guerre mondiale. 01 : uniformes, équipements, armements de Laurent Mirouze et Stéphane Dekerle très complet sur le sujet ainsi que Reconnaître les uniformes 1914-1918 d'Éric Labayle également.
Vous pourrez également trouver plusieurs images de soldats et officiers sur le site ImagesDéfense produit par l'ECPAD.
En vous souhaitant d'agréables lectures ! :)
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