Comment se fait-il qu'on trouve des pesticides dans des aliments bio ?
Question d'origine :
Bonjour, L’utilisation des pesticides pour des aliments censés être biologiques et sans risque !!! Utilité ou tromperie ? Merci et bravo.
Réponse du Guichet
106 substances phytosanitaires sont homologuées en France pour l'agriculture biologique, mais pas dans n'importe quelles conditions.
Bonjour,
L’emploi des
« Oui, les produits BIO peuvent avoir été traités avec des pesticides
Ainsi, la BIO n'interdit pas l'utilisation de certains pesticides naturels comme le détaille le guide des produits de protection des cultures utilisables en France en agriculture biologique, révisé tous les trimestres. Les principales substances actives utilisées en Agriculture Biologique pour le traitement des maladies et ravageurs sont donc naturelles : cuivre, soufre, huiles, champignons et bactéries, mais cela ne signifie pas qu'elles sont sans conséquences pour le milieu et le vivant, en fonction des dosages épandus et des précautions d'emploi.
De plus, des dérogations, en plus des pesticides autorisés, peuvent être accordées pendant 120 jours maximum pour traiter les affections qui mettent en péril la culture.
L'insecticide Spinosad, autorisé en agriculture biologique depuis 2008, illustre les déviances de l'Agriculture Biologique. Philippe Lecompte, apiculteur professionnel bio, reconnaît que « le label bio en agriculture ne signifie pas une absence de risque sur la santé des abeilles, ni la présence d'une ressource florale pour les abeilles ». Une enquête récente montrait d'ailleurs que 75 % du miel est contaminé par des pesticides.
Enfin, les cultures bio ne sont pas à l'abri de contaminations, accidentelles ou volontaires, ce qui conduit souvent les détracteurs du bio à dire "de toute façon tout est contaminé alors pourquoi payer plus cher ?". »
Pour la santé humaine, les études menées jusqu’ici tendent à montrer que le bio est préférable à l’agriculture conventionnelle. Passeport Santé indique ainsi que « Certaines études ont ainsi porté sur la quantité de pesticides présents dans l’urine d’enfants consommants ou non des aliments issus de l’agriculture biologique. Les enfants nourris avec des fruits et légumes bio avaient moins de résidus de pesticides dans leurs urines que les autres.
Par ailleurs, le taux de résidus de pesticides présents dans les produits bio est nettement inférieur à celui des aliments issus de l’agriculture traditionnelle :
« Les aliments bio contiennent-ils des résidus de produits de traitement ?
Les taux de résidus de pesticides dans les aliments relèvent du règlement (CE) n° 396/2005
Selon les plans de contrôle officiels conduits par la DGCCRF, plus 95% des produits bio contrôlés ne contiennent pas de résidus de pesticides.
La méta-analyse de l’Université de Newcastle publiée en septembre 2014, conduite sur plus de 343 études, conclut que « les cultures issues de l’agriculture biologique et les aliments à base de ces cultures, en moyenne sur différentes régions et différentes saisons de production, comportent sensiblement […] moins de composés néfastes tels que le cadmium, les nitrites et les résidus de pesticides ».
Certaines enquêtes ont pu déceler des traces de contaminants dans des aliments bios. Elles sont bien sûr toutes inférieures aux Limites Maximales de Résidus (LMR) fixées par la réglementation européenne.
Selon le dernier rapport de l’EFSA, (Autorité européenne de sécurité des aliments), agence indépendante chargée de l’évaluation des risques dans le domaine des denrées alimentaires, 85,8 % des produits bio sont exempts de résidus de pesticides quantifiables. Pour information, le taux pour les produits non biologiques est de 53,3%. »
Source : agencebio.org
L’émission Le vrai-faux de l’info (27 février 2018) fait le point sur les traces de pesticides dans le bio :
«
C’est faux. Même si seuls un Français sur deux le savent : il y a des pesticides dans le bio, qui doit aussi lutter contre les ravageurs. 106 substances phytosanitaires sont homologuées en France pour l'agriculture biologique (Source : ITAB, Institut Technique de l'Agriculture Biologique), cela représente un pesticide sur 5. La différence avec l’agriculture conventionnelle, c’est qu’ils doivent être de source naturelle : pas de molécules de synthèse, donc. Mais naturel ne veut pas dire sans danger. On parle par définition de principes actifs, qui tuent les insectes, les champignons. Sur 68.000 tonnes de produits phytosanitaires vendus dans le pays en 2016, 27% étaient autorisées pour l’agriculture bio (et utilisées, également, par l’agriculture conventionnelle.)
Majoritairement de fongicides, comme le soufre, ou les dérivés de cuivre : très répandus, ils sont indispensables pour lutter contre le Mildiou de la vigne ou de la pomme de terre, ou la tavelure du pommier. Mais ils posent de vrais problèmes : le cuivre, un métal lourd, s’accumule dans les sols et détruit la biodiversité. Le Danemark l’a d’ailleurs interdit, mais en France, terre de vignobles, on tâtonne encore sur les solutions pour le remplacer.
Il y a aussi des micro-organismes, des phéromones qui perturbent les comportements sexuels des insectes, ou des huiles végétales, dont certaines sont des perturbateurs endocriniens avérés, comme l’huile de neem. Des insecticides, comme le spinosad, très dangereux pour les abeilles. Bref : 21 substances homologuées bio, selon l’ITAB, ont un facteur reconnu de toxicité, des limites sont établies, d’ailleurs, que les agriculteurs doivent respecter.
L’avantage de ces produits naturel, toutefois, est qu’ils se dégradent plus vite que les pesticides de synthèse. Ils partent avec la pluie, le soleil : on en retrouve donc moins de traces dans les aliments qu’on va consommer, mais on en retrouve tout de même. La dernière grande enquête de l’EFSA, l’agence européenne de sécurité alimentaire, a relevé des traces de 140 pesticides dans les produits bios qu’elle a analysés en 2015. 0,7% de ces produits dépassaient la limite résiduelle autorisée, contre 1,7% des produits issus de l’agriculture conventionnelle.
Oui. Parce qu’on en disperse infiniment moins sur les 6% de terres consacrées à l’agriculture biologique en France, et dans un cadre très défini (quand on ne peut pas faire autrement). Et puis les substances ne se valent pas : l’agriculture conventionnelle utilise des produits plus puissants, et parfois plus dangereux que d’autres.
Même si l’usage des substances les plus problématiques a été divisé par deux ou trois depuis 20 ans (c’est le cas du mancozebe, du folpel, de l’acétochlore…), ce n'est pas le cas pour toutes dont la consommation ré-augmente même depuis quelques années. Et la crainte d’un effet cocktail, induit par ces traces de pesticides qui s'accumuleraient dans l’alimentation, est réelle, même si les limites maximales résiduelles autorisées sont définies, en théorie, pour l’éviter. »
Notons pour finir que les produits animaux comme le lait et les œufs bios présentent un risque de contamination, non aux pesticides, mais aux polluants présents dans les eaux et les sols :
« Le lait bio parfois plus pollué que le lait conventionnel
Environ 30% plus cher que le lait conventionnel, le lait bio séduit de plus en plus les Français. La production a ainsi bondi de 147% entre 2006 et 2015. D'après les tests réalisés par le magazine, aucune des neuf références testées ne contenait de résidus de pesticides ni de médicaments vétérinaires. Gros point noir en revanche : des dioxines (issues des phénomènes de combustion) et des polychlorobiphényles (autrement appelés PCB, ils sont interdits depuis 1987 mais se retrouvent encore dans les cours d’eau), tous deux perturbateurs endocriniens et classés cancérogènes chez l’humain, ont été détectés.
Si les doses sont faibles, elles peuvent cependant être plus importantes que celles retrouvées dans les laits conventionnels. C'est notamment le cas du Lactel bio. "Cette différence peut s’expliquer par le fait que les vaches en filière bio passent plus de temps au pré et se trouvent davantage au contact d’eaux et de sols contaminés", note le magazine.
Les œufs bio davantage pollués que les œufs conventionnels
De la même manière que le lait, les six boîtes d'œufs issus de l'agriculture biologique se révèlent d'avantage contaminées par des polluants extérieurs que ceux de l'agriculture conventionnelle. Des taux de dioxines, de furanes et de PCB assez élevés se retrouvent ainsi dans certains comme ceux de la marque Matines bio, même si les seuils fixés par la réglementation ne sont jamais dépassés.
"L’explication de ce phénomène tient sans doute au fait que les poules élevées en bio ont accès à l’extérieur. Or, ces espaces peuvent avoir été contaminés par des émissions de particules en provenance d’incinérateurs ou parce que les sols sur lesquels est installée l’exploitation ont été pollués par des activités industrielles précédentes", avance 60 millions de consommateurs. Aucun des œufs ne contient en revanche d'antibiotiques. »
Source : Des produits bio parfois plus pollués que les autres, dénonce "60 millions de consommateurs", lci.fr
L’article de 60 millions de consommateurs sur le même sujet souligne aussi « la présence de phtalates – des plastifiants – dans certaines huiles d’olive bio. À l’inverse, certaines huiles « conventionnelles » en contenaient moins ou pas du tout. » Il pointe du doigt en particulier des huiles provenant de la Tunisie.
Bonne journée.
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