Question d'origine :
Le lotos, le fruit de l'oubli que mangent les compagnons d'Ulysse existe-t-il ? Produit-il de semblables effets ?
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 30/03/2021 à 13h58
Bonjour,
Que mangeaient les lotophages ?
Plusieurs hypothèses ont été avancées : des jujubes, des dattes, des kakis, des coquelicots... pourraient se cacher derrière ce Lotos cité par Homère. Les auteurs anciens penchent plutôt pour le fruit d’un jujubier nord-africain (Zizyphus lotus) qui aurait des propriétés adoucissantes, calmantes ou sédatives.
"Jean Cuisenier reconnaît le lotos dans une espèce de jujubier, leZizyphus lotus , un arbuste épineux poussant dans les zones arides du Maghreb, employé par les médecines traditionnelles pour ses vertus sédatives et analgésiques. Ses fruits contiennent en effet des alcaloïdes, principes actifs de type psychotrope présents notamment dans la morphine. On a encore rapproché la fleur de lotos à celle du cannabis ou du pavot pour leur action narcotique , mais sans que leur culture en soit attestée dans ces régions. On peut aussi y voir simplement une métaphore de l'oubli . "
source : Exposition BNF - Homère - Sur les traces d'Ulysse
Dans l'article de Dorie M. intitulé "Les plantes magiques de l'Odyssée. Lotos et moly". In: Revue d'histoire de la pharmacie, 55ᵉ année, n°195,1967. pp. 573-584, il est indiqué :
" Le plus simple est de se reporter à ce qu'ont écrit les auteurs anciens sur le lotos et les Lotophages. C'est parce qu'ils n'ont pas oublié cette précaution liminaire que les botanistes Clusius, Bauhin, Schaw et Desfontaines ont abouti à la même conclusion ; d'après eux, le lotos est une variété de jujubier, et Desfontaines l'identifie avecZizyphus lotus Lamk . que l'on trouvait encore en abondance à Djerba, il y a une cinquantaine d'années. Quelque difficile que soit souvent l'interprétation des vieux textes, ceux qui concernent le lotos sont exceptionnellement clairs.
Théophraste lui-même est précis, ce qui ne lui arrive pas toujours. Lisons au livre IV de son Histoire des plantes ce qui se rapporte au fruit mystérieux : « En Libye, croissent de nombreux et magnifiques lotos... Cet arbre remarquable est à peu près de la taille d'un poirier ou un peu plus petit ; sa feuille, découpée, est semblable à celle du chêne-vert ; son bois est noir. Il y a en plusieurs espèces distinctes par les fruits. Ces fruits sont de la grosseur d'une fève. Ils changent de couleur à mesure qu'ils mûrissent, à la façon des raisins. Ils se forment sur les rameaux de l'arbre en rangs serrés et parallèles, comme les fruits du myrte. Le fruit qui croît au pays des Lotophages ainsi qu'on les appelle, est doux, agréable, absolument inoffensif et bienfaisant pour l'intestin. Plus doux encore est celui qui n'a pas de noyau, car il y en a de cette espèce ; on en prépare une boisson fermentée. L'arbre porte habituellement de nombreux fruits. Nous savons même que lorsque l'armée d'Ophellus, qui marchait sur Carthage, vint à manquer de vivres, elle se nourrit pendant plusieurs jours des fruits du lotos. »
Hérodote traite succinctement des Lotophages en son livre IV; il les distingue des Nasammons qui sont mangeurs de dattes.
Athénée, décrivant le lotos, indique que son fruit « a la grosseur d'une olive, devient presque rouge une fois mûr, et porte un petit noyau ».
Polybe est plus explicite encore : « Le lotos est un arbrisseau rude et épineux. Ses feuilles sont petites, vertes et semblables à celles du Rhamnus. Ses fruits encore verts ressemblent aux baies du myrte, mais une fois mûrs, ils égalent en grosseur les olives rondes, se teignent d'une couleur rougeâtre, et renferment un noyau ligneux. » L'historien ajoute que les Lotophages préparaient avec les fruits écrasés et fermentes une liqueur excellente.
Ces descriptions concordantes permettent de penser que le lotos homérique était un jujubier. "
Nous vous laissons consulter ce document dans son intégralité.
Dans l'article intitulé Ulysse et les mangeurs de coquelicots, M. Rousseaux pense qu'il s'agit d'une papavéracée sauvage ou cultivée et propose le coquelicot.
En complément, quelques articles à dévorer :
- Foucaud A. Lotus et lotophages : un petit problème d'histoire grecque . In: Revue d'histoire de la pharmacie, 50ᵉ année, n°175, 1962. Les grands pharmaciens. pp. 422-424.
- Le lotos des lotophages est le jujubier sauvage / Dr A. Bourjot - Revue britannique - 1872
- Chevalier Auguste. Les Jujubiers ou Ziziphus de l'Ancien monde et l'utilisation de leurs fruits. In: Revue internationale de botanique appliquée et d'agriculture tropicale, 27ᵉ année, bulletin n°301-302, Novembre-décembre 1947. pp. 470-483.
- Que mangeaient les lotophages ? Contribution de l’ethnobotanique maghrébine à l’interprétation d’un passage de l’Odyssée / Jamal BELLAKHDAR, Revue des études anciennes Tome 118 - 2016 - N°1
6 juillet 2016
- “Lotophages” / J. Desanges - Encyclopédie berbère, 28-29 | 2008, 4440-4441
Bon appétit !
Plusieurs hypothèses ont été avancées : des jujubes, des dattes, des kakis, des coquelicots... pourraient se cacher derrière ce Lotos cité par Homère. Les auteurs anciens penchent plutôt pour le fruit d’un jujubier nord-africain (Zizyphus lotus) qui aurait des propriétés adoucissantes, calmantes ou sédatives.
"Jean Cuisenier reconnaît le lotos dans une espèce de jujubier, le
source : Exposition BNF - Homère - Sur les traces d'Ulysse
Dans l'article de Dorie M. intitulé "Les plantes magiques de l'Odyssée. Lotos et moly". In: Revue d'histoire de la pharmacie, 55ᵉ année, n°195,1967. pp. 573-584, il est indiqué :
" Le plus simple est de se reporter à ce qu'ont écrit les auteurs anciens sur le lotos et les Lotophages. C'est parce qu'ils n'ont pas oublié cette précaution liminaire que les botanistes Clusius, Bauhin, Schaw et Desfontaines ont abouti à la même conclusion ; d'après eux, le lotos est une variété de jujubier, et Desfontaines l'identifie avec
Théophraste lui-même est précis, ce qui ne lui arrive pas toujours. Lisons au livre IV de son Histoire des plantes ce qui se rapporte au fruit mystérieux : « En Libye, croissent de nombreux et magnifiques lotos... Cet arbre remarquable est à peu près de la taille d'un poirier ou un peu plus petit ; sa feuille, découpée, est semblable à celle du chêne-vert ; son bois est noir. Il y a en plusieurs espèces distinctes par les fruits. Ces fruits sont de la grosseur d'une fève. Ils changent de couleur à mesure qu'ils mûrissent, à la façon des raisins. Ils se forment sur les rameaux de l'arbre en rangs serrés et parallèles, comme les fruits du myrte. Le fruit qui croît au pays des Lotophages ainsi qu'on les appelle, est doux, agréable, absolument inoffensif et bienfaisant pour l'intestin. Plus doux encore est celui qui n'a pas de noyau, car il y en a de cette espèce ; on en prépare une boisson fermentée. L'arbre porte habituellement de nombreux fruits. Nous savons même que lorsque l'armée d'Ophellus, qui marchait sur Carthage, vint à manquer de vivres, elle se nourrit pendant plusieurs jours des fruits du lotos. »
Hérodote traite succinctement des Lotophages en son livre IV; il les distingue des Nasammons qui sont mangeurs de dattes.
Athénée, décrivant le lotos, indique que son fruit « a la grosseur d'une olive, devient presque rouge une fois mûr, et porte un petit noyau ».
Polybe est plus explicite encore : « Le lotos est un arbrisseau rude et épineux. Ses feuilles sont petites, vertes et semblables à celles du Rhamnus. Ses fruits encore verts ressemblent aux baies du myrte, mais une fois mûrs, ils égalent en grosseur les olives rondes, se teignent d'une couleur rougeâtre, et renferment un noyau ligneux. » L'historien ajoute que les Lotophages préparaient avec les fruits écrasés et fermentes une liqueur excellente.
Nous vous laissons consulter ce document dans son intégralité.
Dans l'article intitulé Ulysse et les mangeurs de coquelicots, M. Rousseaux pense qu'il s'agit d'une papavéracée sauvage ou cultivée et propose le coquelicot.
En complément, quelques articles à dévorer :
- Foucaud A. Lotus et lotophages : un petit problème d'histoire grecque . In: Revue d'histoire de la pharmacie, 50ᵉ année, n°175, 1962. Les grands pharmaciens. pp. 422-424.
- Le lotos des lotophages est le jujubier sauvage / Dr A. Bourjot - Revue britannique - 1872
- Chevalier Auguste. Les Jujubiers ou Ziziphus de l'Ancien monde et l'utilisation de leurs fruits. In: Revue internationale de botanique appliquée et d'agriculture tropicale, 27ᵉ année, bulletin n°301-302, Novembre-décembre 1947. pp. 470-483.
- Que mangeaient les lotophages ? Contribution de l’ethnobotanique maghrébine à l’interprétation d’un passage de l’Odyssée / Jamal BELLAKHDAR, Revue des études anciennes Tome 118 - 2016 - N°1
6 juillet 2016
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