Question d'origine :
Bonjour Merci de me dire l'origine du nom de l'hôpital fondé par saint Louis: Les quinze-vingts. Etait-ce le nom donné dés le départ par Saint Louis? Pourquoi trois cents membres? Les premiers patients étaient-ils tous aveugles? Les soignait-on? En sortaient-ils? Qui finançait cet hospice? Merci de vos réponses Cordialement
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 17/06/2021 à 09h50
Bonjour,
Selon la légende, lors de la septième croisade, que mena Saint-Louis, 300 chevaliers auraient eu les yeux crevés et c’est pour les recueillir que fut édifié l’hospice des Quinze-Vingts, qui comptait donc 300 lits ( 300 = 15 x 20 ; selon l’ancien système vigésimal de numération, système qui était utilisé dans une grande partie de l’Europe au Moyen-Âge). Légende car Jean de Joinville (l’hagiographe du roi) n'en parle pas, et aucune source de l'époque ne l'atteste. Selon l'historien des Quinze-Vingts, Léon Le Grand, il s'agirait d'une histoire apparue au XVIe siècle.
Il est incontestable cependant que Saint Louis avait à cœur d'être un roi « très chrétien ». On sait par exemple qu'il lui arrivait fréquemment de recevoir à sa table certains pauvres et, après leur avoir servi lui-même la viande et le pain, de les reconduire en leur faisant don de quelques deniers. On sait aussi qu'il assistait quotidiennement aux offices religieux, et s'habillait toujours simplement. Si l’on excepte les léproseries plus anciennes, c’est un des premiers exemples d’hôpital dédié à une seule pathologie.
La page internet Paris Vox précise:
« Le roi alloua alors à l’hospice une rente de 30 livres, destinée au potage des 300 aveugles. Mais la cruauté humaine étant sans bornes, on trouva le moyen de s’amuser du malheur de ces aveugles. Ainsi, il est dit que les rois Charles IX et Henri III ne manquaient jamais, lors de leurs séjours à Paris, de se rendre à l’hôpital des Quinze-Vingts pour se délecter d’un bien étrange spectacle dont une description, dans le contexte du quinzième siècle, est parvenue jusqu’à nous :
« En 1425, le dernier samedi du mois d’août, quatre aveugles armés de toutes pièces (c’est-à-dire : en armure) et d’un bâton en main, furent promenés par tout Paris avec deux hommes qui marchoient devant, dont l’un jouoit du haut bois, et l’autre portoit une barrière, où étoit représenté un pourceau. Le lendemain, équipés de même, ils se trouvèrent dans la cour de l’hôtel d’Armagnac, situé à la rue Saint-Honoré, vis-à-vis de celle de Froid-Manteau, où à présent se voit le Palais Cardinal ; et là, bien pis que les « Andabates », qui combattaient à ïeux-clos, au lieu d’attaquer un pourceau qui devoit appartenir à celui qui le tueroit, c’étoit eux-mêmes qu’ils attaquoient, et croyant frapper la bête, s’entredonnoient de si rudes coups, que sans ces armes défensives dont ils étoient couverts, qui pourtant ne les sauvoient pas de blessures, ils se seroient bientôt entr’assommés… »
Sous le règne de Louis XVI, le cardinal de Rohan le fit transférer à son emplacement actuel, rue de Charenton dans l'ancienne caserne des « Mousquetaires noirs » (du nom de la couleur de leurs chevaux). Il modifia le système d'administration et porta le nombre d'aveugles à huit cents. Chacun recevait vingt sous par jour et les enfants nés sur place y étaient élevés jusqu'à l'âge de seize ans. Pendant la Terreur, l'hospice fut rebaptisé Maison des aveugles.
En l'an IX de la république (1801) on réunit à l'hospice des Quinze-Vingts l'institut des jeunes aveugles fondé par Valentin Haüy en 1784. Une partie de l'ancienne caserne des mousquetaires noirs fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 26 décembre 1976. De la caserne, il ne reste que la porte d'entrée et la chapelle. De nos jours, le 28 rue de Charenton abrite le Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts.
Dans le Bulletin de l'école des Chartes, l'article L’obituaire de l’hôpital des Quinze-Vingts de Paris publié sous la direction de Jean FAVIER, contient encore quelques précisions sur l’histoire de cet hôpital:
«L’introduction qui précède l’édition proprement dite est volontairement très détaillée (une trentaine de pages), retraçant à la fois l’histoire de l’hôpital et son fonctionnement quotidien au service des aveugles. Est ainsi mise en valeur l’originalité de cette fondation royale médiévale qui, comme le souligne J. Favier dans la préface, «aidait à vivre des infirmes qui n’étaient pas malades ». On trouvera également dans l’introduction de nombreuses informations sur les occupants de l’hôpital, qu’il s’agisse des frères et sœurs (les pensionnaires) accueillis, dont les statuts prévoyaient une stricte répartition entre voyants et non-voyants, entre hommes et femmes, et réglaient différents aspects de la vie communautaire, du personnel ecclésiastique au service de la communauté et des règles de la vie religieuse, ou de l’encadrement (aumônier, chapitre, ministre, etc.) qui assurait le bon fonctionnement de l’hôpital et était garant de sa bonne gestion. »
Voici quelques sites donnant des informations complémentaires sur l’histoire de ce lieu.
La page Wikipedia dédiée à la structure retrace aussi son origine.
Enfin, une courte vidéo de l’historien Xavier Mauduit, revient sur l’histoire originale de la fondation de cet hôpital.
Pour aller plus loin :
Les Quinze - Vingt : depuis leur dondation jusqu'à leur translation au faubourg St Antoine, XIIIe - XVIIIe siècles / Léon Le Grand
Les Quinze-Vingts du XIIIe au XVIIIe siècle, avec bibliographie / M. Baurit
Des hôpitaux à Paris : état des fonds des archives de l'AP-HP : XIIe-XXe siècles / Sophie Riché
Saint-Louis / Sophie Delmas
L'hôpital en France : histoire et architecture / Pierre-Louis Laget, Claude Laroche
Selon la légende, lors de la septième croisade, que mena Saint-Louis, 300 chevaliers auraient eu les yeux crevés et c’est pour les recueillir que fut édifié l’hospice des Quinze-Vingts, qui comptait donc 300 lits ( 300 = 15 x 20 ; selon l’ancien système vigésimal de numération, système qui était utilisé dans une grande partie de l’Europe au Moyen-Âge). Légende car Jean de Joinville (l’hagiographe du roi) n'en parle pas, et aucune source de l'époque ne l'atteste. Selon l'historien des Quinze-Vingts, Léon Le Grand, il s'agirait d'une histoire apparue au XVIe siècle.
Il est incontestable cependant que Saint Louis avait à cœur d'être un roi « très chrétien ». On sait par exemple qu'il lui arrivait fréquemment de recevoir à sa table certains pauvres et, après leur avoir servi lui-même la viande et le pain, de les reconduire en leur faisant don de quelques deniers. On sait aussi qu'il assistait quotidiennement aux offices religieux, et s'habillait toujours simplement. Si l’on excepte les léproseries plus anciennes, c’est un des premiers exemples d’hôpital dédié à une seule pathologie.
La page internet Paris Vox précise:
« Le roi alloua alors à l’hospice une rente de 30 livres, destinée au potage des 300 aveugles. Mais la cruauté humaine étant sans bornes, on trouva le moyen de s’amuser du malheur de ces aveugles. Ainsi, il est dit que les rois Charles IX et Henri III ne manquaient jamais, lors de leurs séjours à Paris, de se rendre à l’hôpital des Quinze-Vingts pour se délecter d’un bien étrange spectacle dont une description, dans le contexte du quinzième siècle, est parvenue jusqu’à nous :
« En 1425, le dernier samedi du mois d’août, quatre aveugles armés de toutes pièces (c’est-à-dire : en armure) et d’un bâton en main, furent promenés par tout Paris avec deux hommes qui marchoient devant, dont l’un jouoit du haut bois, et l’autre portoit une barrière, où étoit représenté un pourceau. Le lendemain, équipés de même, ils se trouvèrent dans la cour de l’hôtel d’Armagnac, situé à la rue Saint-Honoré, vis-à-vis de celle de Froid-Manteau, où à présent se voit le Palais Cardinal ; et là, bien pis que les « Andabates », qui combattaient à ïeux-clos, au lieu d’attaquer un pourceau qui devoit appartenir à celui qui le tueroit, c’étoit eux-mêmes qu’ils attaquoient, et croyant frapper la bête, s’entredonnoient de si rudes coups, que sans ces armes défensives dont ils étoient couverts, qui pourtant ne les sauvoient pas de blessures, ils se seroient bientôt entr’assommés… »
Sous le règne de Louis XVI, le cardinal de Rohan le fit transférer à son emplacement actuel, rue de Charenton dans l'ancienne caserne des « Mousquetaires noirs » (du nom de la couleur de leurs chevaux). Il modifia le système d'administration et porta le nombre d'aveugles à huit cents. Chacun recevait vingt sous par jour et les enfants nés sur place y étaient élevés jusqu'à l'âge de seize ans. Pendant la Terreur, l'hospice fut rebaptisé Maison des aveugles.
En l'an IX de la république (1801) on réunit à l'hospice des Quinze-Vingts l'institut des jeunes aveugles fondé par Valentin Haüy en 1784. Une partie de l'ancienne caserne des mousquetaires noirs fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 26 décembre 1976. De la caserne, il ne reste que la porte d'entrée et la chapelle. De nos jours, le 28 rue de Charenton abrite le Centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts.
Dans le Bulletin de l'école des Chartes, l'article L’obituaire de l’hôpital des Quinze-Vingts de Paris publié sous la direction de Jean FAVIER, contient encore quelques précisions sur l’histoire de cet hôpital:
«L’introduction qui précède l’édition proprement dite est volontairement très détaillée (une trentaine de pages), retraçant à la fois l’histoire de l’hôpital et son fonctionnement quotidien au service des aveugles. Est ainsi mise en valeur l’originalité de cette fondation royale médiévale qui, comme le souligne J. Favier dans la préface, «aidait à vivre des infirmes qui n’étaient pas malades ». On trouvera également dans l’introduction de nombreuses informations sur les occupants de l’hôpital, qu’il s’agisse des frères et sœurs (les pensionnaires) accueillis, dont les statuts prévoyaient une stricte répartition entre voyants et non-voyants, entre hommes et femmes, et réglaient différents aspects de la vie communautaire, du personnel ecclésiastique au service de la communauté et des règles de la vie religieuse, ou de l’encadrement (aumônier, chapitre, ministre, etc.) qui assurait le bon fonctionnement de l’hôpital et était garant de sa bonne gestion. »
Voici quelques sites donnant des informations complémentaires sur l’histoire de ce lieu.
La page Wikipedia dédiée à la structure retrace aussi son origine.
Enfin, une courte vidéo de l’historien Xavier Mauduit, revient sur l’histoire originale de la fondation de cet hôpital.
Pour aller plus loin :
Les Quinze - Vingt : depuis leur dondation jusqu'à leur translation au faubourg St Antoine, XIIIe - XVIIIe siècles / Léon Le Grand
Les Quinze-Vingts du XIIIe au XVIIIe siècle, avec bibliographie / M. Baurit
Des hôpitaux à Paris : état des fonds des archives de l'AP-HP : XIIe-XXe siècles / Sophie Riché
Saint-Louis / Sophie Delmas
L'hôpital en France : histoire et architecture / Pierre-Louis Laget, Claude Laroche
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