Stockage de carbone dans les sols
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 08/04/2019 à 14h33
571 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Etant jardinière et écologiste, je m'intéresse beaucoup au cycle du carbone.
Problème lorsqu'il est présent en trop grande quantité dans l'atmosphère, il est au contraire un avantage pour les jardiniers et agriculteurs lorsqu'il est stocké dans le sol sous forme de matière organique.
On enrichit son sol en matière organique grâce au compost notamment, à la décomposition des végétaux, etc.
Ma question est la suivante (en fait elle est double) :
- un sol peut-il être saturé en carbone ? Que se passe-t-il si on ajoute toujours plus de compost. La couche arable s'épaissit-elle ?
- y-a-t-il un point à partir duquel le sol relargue le carbone dans l'atmosphère ?
- que se passe-t-il pour des cultures potagères lorsqu'il y a trop de matière organique dans le sol ?
Merci de votre réponse.
J'ai l'impression de ne pas avoir été très claire, donc n'hésitez pas à me demander des précisions si besoin.
Merci de votre réponse.
Réponse du Guichet
gds_et
- Département : Équipe du Guichet du Savoir
Le 10/04/2019 à 08h29
Bonjour,
En fait le sol libère en permanence du carbone dans l’atmosphère : le carbone est contenu dans les matières organiques, qui subissent une dégradation, la minéralisation, réalisée par des organismes décomposeurs (bactéries, champignons…). Cette minéralisation a pour effet de relâcher le CO2 dans l’atmosphère, mais aussi de fournir aux plantes les nutriments nécessaires à leur développement.
Il n’y a jamais « trop » de matières organiques dans le sol puisque celles-ci sont sans cesse renouvelées, mais ajouter du compost ne suffit pas toujours pour augmenter (ou maintenir) efficacement le stockage du carbone, car un sol cultivé, laissé nu pendant une partie de l’année, est soumis à l’érosion, ce qui entraîne des pertes importantes en matières organiques. Pour les retenir, il faut donc adopter des pratiques adaptées (bandes de sol couvertes par la végétation toute l'année, présence d'arbres et / ou de haies...).
Pour mieux comprendre les mécanismes de ce phénomène, et trouver les réponses à vos questions, nous vous conseillons la lecture de ce document très complet de l’Ademe : Carbone organique des sols : l’énergie de l’agro-écologie, une solution pour le climat.
En voici un extrait portant sur l’agriculture :
«Sols agricoles : agir sur les entrées et sorties de matière organique
Pour enrichir les sols agricoles en carbone, deux types d’actions sont identifiés : favoriser les pratiques qui accroissent le stock de matière organique et limiter celles qui augmentent les pertes.
Le potentiel maximal de stockage additionnel du carbone dans les sols agri¬coles pourrait être de l’ordre de 1 à 3 millions de tonnes par an pendant vingt ans selon des estimations effectuées par l’INRA en 2002 puis en 2013. Ce stockage pourrait compenser jusqu’à 3 à 4 % des émissions annuelles en gaz à effet de serre de la France, ce qui n’est pas négligeable, mais supposerait des actions très volontaristes. Les pratiques à mettre en œuvre agissent soit en augmentant la matière organique soit en en limitant les pertes.
FOURNIR PLUS DE MATIÈRE ORGANIQUE
Première action pour fournir plus de carbone au sol : accroître la production végétale et le retour au sol de matières organiques. Pour cela, il faut favoriser la couverture des sols nus par l’incorporation des cultures intermédiaires dans la rotation, l’enherbement des inter¬rangs des vignes et des vergers, et l’augmentation de la durée de vie des prairies temporaires. L’implantation de haies et de bandes enherbées, motivées pour leur rôle de réservoir de biodiversité, de corridor écologique mais aussi de zone tampon entre cultures et cours d’eau permet d’enrichir le sol en matière organique. L’agroforesterie, avec la mise en place de lignes d’arbres en plein champ et au cœur des pâtures, s’accompagne d’une augmentation des stocks de carbone à la fois dans les sols et dans le bois. Des pratiques d’intensification modérée peuvent aussi être réalisées sur les prairies peu productives (pacages, alpages et landes). Pour les cultures et les prairies déjà intensifiées, l’intérêt n’est plus d’accroître les apports mais de conserver au mieux les résidus de cultures. Enfin, les épandages des matières organiques d’origine urbaine ou des effluents d’élevage constituent localement une solution intéressante, s’ils sont préférentiellement épandus sur les sols pauvres en carbone et respectent les normes en vigueur.
FREINER LES PERTES
Les haies et la couverture des sols agissent aussi sur les stocks en réduisant le ruissellement et les pertes par érosion. L’abandon du labour induirait une augmentation des teneurs en carbone des sols par une moindre minéralisation des matières organiques en raison de leur meil¬leure protection physique dans les agrégats et à des conditions plus froides et humides en sur¬face. Actuellement, 34,4 % des surfaces cultivées sont conduits en techniques culturales simplifiées selon Arvalis ¬Institut du végétal, ce sont principalement les cultures d’automne. Les techniques sans labour s’étendent du semis direct à des interventions plus ou moins profondes. Leur impact sur les stocks de carbone a souvent été surestimé. Sur la base des suivis expérimen¬taux réalisés par la communauté scientifique internationale, seul le semis direct affiche un stockage moyen de 0,15 tonne de carbone de plus par an que le labour. Ce résultat est très variable selon les situations. D’ailleurs, un essai mené par Arvalis pendant quarante ans sur le site de Boigneville, dans l’Essonne, montre qu’après avoir permis un stockage de l’ordre de 2 t/ha de carbone organique pendant 24 ans, le semis direct ne se différencie pas du labour au bout de 40 ans. De plus, un labour s’avère parfois nécessaire pour des raisons agronomiques […]. Selon l’INRA, un labour occasionnel tous les cinq ans, permettrait de conserver une partie du possible gain sur les stocks de carbone, et surtout les économies de carburant. »
En complément, voici quelques autres sites qui en parlent :
- jardinsdefrance.org
- agriculture-de-conservation.com
- consoglobe.com
Bonne journée.
En fait le sol libère en permanence du carbone dans l’atmosphère : le carbone est contenu dans les matières organiques, qui subissent une dégradation, la minéralisation, réalisée par des organismes décomposeurs (bactéries, champignons…). Cette minéralisation a pour effet de relâcher le CO2 dans l’atmosphère, mais aussi de fournir aux plantes les nutriments nécessaires à leur développement.
Il n’y a jamais « trop » de matières organiques dans le sol puisque celles-ci sont sans cesse renouvelées, mais ajouter du compost ne suffit pas toujours pour augmenter (ou maintenir) efficacement le stockage du carbone, car un sol cultivé, laissé nu pendant une partie de l’année, est soumis à l’érosion, ce qui entraîne des pertes importantes en matières organiques. Pour les retenir, il faut donc adopter des pratiques adaptées (bandes de sol couvertes par la végétation toute l'année, présence d'arbres et / ou de haies...).
Pour mieux comprendre les mécanismes de ce phénomène, et trouver les réponses à vos questions, nous vous conseillons la lecture de ce document très complet de l’Ademe : Carbone organique des sols : l’énergie de l’agro-écologie, une solution pour le climat.
En voici un extrait portant sur l’agriculture :
«
Pour enrichir les sols agricoles en carbone, deux types d’actions sont identifiés : favoriser les pratiques qui accroissent le stock de matière organique et limiter celles qui augmentent les pertes.
Le potentiel maximal de stockage additionnel du carbone dans les sols agri¬coles pourrait être de l’ordre de 1 à 3 millions de tonnes par an pendant vingt ans selon des estimations effectuées par l’INRA en 2002 puis en 2013. Ce stockage pourrait compenser jusqu’à 3 à 4 % des émissions annuelles en gaz à effet de serre de la France, ce qui n’est pas négligeable, mais supposerait des actions très volontaristes. Les pratiques à mettre en œuvre agissent soit en augmentant la matière organique soit en en limitant les pertes.
Première action pour fournir plus de carbone au sol : accroître la production végétale et le retour au sol de matières organiques. Pour cela, il faut favoriser la couverture des sols nus par l’incorporation des cultures intermédiaires dans la rotation, l’enherbement des inter¬rangs des vignes et des vergers, et l’augmentation de la durée de vie des prairies temporaires. L’implantation de haies et de bandes enherbées, motivées pour leur rôle de réservoir de biodiversité, de corridor écologique mais aussi de zone tampon entre cultures et cours d’eau permet d’enrichir le sol en matière organique. L’agroforesterie, avec la mise en place de lignes d’arbres en plein champ et au cœur des pâtures, s’accompagne d’une augmentation des stocks de carbone à la fois dans les sols et dans le bois. Des pratiques d’intensification modérée peuvent aussi être réalisées sur les prairies peu productives (pacages, alpages et landes). Pour les cultures et les prairies déjà intensifiées, l’intérêt n’est plus d’accroître les apports mais de conserver au mieux les résidus de cultures. Enfin, les épandages des matières organiques d’origine urbaine ou des effluents d’élevage constituent localement une solution intéressante, s’ils sont préférentiellement épandus sur les sols pauvres en carbone et respectent les normes en vigueur.
Les haies et la couverture des sols agissent aussi sur les stocks en réduisant le ruissellement et les pertes par érosion. L’abandon du labour induirait une augmentation des teneurs en carbone des sols par une moindre minéralisation des matières organiques en raison de leur meil¬leure protection physique dans les agrégats et à des conditions plus froides et humides en sur¬face. Actuellement, 34,4 % des surfaces cultivées sont conduits en techniques culturales simplifiées selon Arvalis ¬Institut du végétal, ce sont principalement les cultures d’automne. Les techniques sans labour s’étendent du semis direct à des interventions plus ou moins profondes. Leur impact sur les stocks de carbone a souvent été surestimé. Sur la base des suivis expérimen¬taux réalisés par la communauté scientifique internationale, seul le semis direct affiche un stockage moyen de 0,15 tonne de carbone de plus par an que le labour. Ce résultat est très variable selon les situations. D’ailleurs, un essai mené par Arvalis pendant quarante ans sur le site de Boigneville, dans l’Essonne, montre qu’après avoir permis un stockage de l’ordre de 2 t/ha de carbone organique pendant 24 ans, le semis direct ne se différencie pas du labour au bout de 40 ans. De plus, un labour s’avère parfois nécessaire pour des raisons agronomiques […]. Selon l’INRA, un labour occasionnel tous les cinq ans, permettrait de conserver une partie du possible gain sur les stocks de carbone, et surtout les économies de carburant. »
En complément, voici quelques autres sites qui en parlent :
- jardinsdefrance.org
- agriculture-de-conservation.com
- consoglobe.com
Bonne journée.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter